08 mars 2018

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©L'Écho abitibien/Le Citoyen - Martin Guindon

L'Amossois de 18 ans joue aux quilles depuis huit ans, lui qui s'est épris pour ce sport en le regardant à la télévision. Après une pause d'un an et demi pour jouer au basketball, il est revenu à son premier amour en 2015 et consacre depuis beaucoup de temps à sa passion.

«Je joue dans la ligue junior ainsi que dans deux ligues seniors, ici à Amos. Ça représente peut-être une douzaine de parties, pour un total de 8 à 9 heures par semaine avec les entraînements. Je roule une moyenne de 181 chez les juniors», raconte celui qui a terminé premier aux qualifications en simple chez les 15-17 ans aux Championnats québécois juniors en 2017.

«Une moyenne de 181 ici, c'est excellent compte tenu de nos allées qui sont à 50 % en surface naturelle (bois) et 50 % en surface synthétique. Ça équivaut sûrement à une moyenne de 200 sur des allées 100 % synthétiques», estime son entraîneur Mario Inkel, qui a agi comme entraîneur des quilleurs du Québec à Winnipeg.

Des parties cacophoniques

Connu pour son travail auprès des quilleurs juniors, mais aussi de ceux des Olympiques spéciaux, c'est lui qui a découvert l'existence de compétitions pour les sourds. Malentendant de naissance, Martin présente une perte auditive de 55 à 56 décibels. Il faut une perte d'au moins 55 décibels pour participer à ces compétitions.

«Sa perte auditive a été évaluée l'été dernier quand Martin a participé à la sélection pour l'équipe canadienne des Sourdlympiques à Toronto. La particularité de ces compétitions, c'est que les athlètes doivent enlever tout appareil auditif. Martin s'entraîne donc sans ses appareils. Ça rend sa concentration difficile, parce que pour lui, les basses sont amplifiées. C'est donc très cacophonique pendant les parties de quilles», explique son père, Alain Jean, qui a agi comme entraîneur-adjoint.

Objectif podium

Autre défi pour Martin Jean, il lui fallait jouer sur des patrons d'huilage Beijing, lesquels sont très complexes et difficiles, surtout pour les quilleurs qui, comme lui, utilisent beaucoup de rotation dans leur lancer. «C'est le genre d’huilage qui fait vraiment ressortir les meilleurs, et on l'a appris seulement une semaine avant la compétition», précise Mario Inkel, qui souhaite surtout que ses quilleurs s'amusent et vivent une expérience mémorable.

De plus, les Jeux des sourds du Canada n'ont pas de limites d'âge. Martin était le plus jeune des compétiteurs, ce qui ne l'a pas empêché de viser haut. «Je veux monter sur le podium au moins une fois», avait-il confié, quelques jours avant de partir pour Winnipeg.

La médaille espérée

La première journée des compétitions, Martin Jean a pris le 5^e rang en simple. C'est lors de la deuxième journée qu'il a atteint son objectif, remportant le bronze en double avec Yves Dubé, un quilleur de 24 ans de la région de Montréal. Il a ensuite été éliminé dès la première ronde du tournoi Masters disputé la dernière journée des Jeux.

©gracieuseté

Martin Jean (à droite) en compagnie d'Yves Dubé, les médaillés de bronze en double aux Jeux des sourds du Canada, à Winnipeg.

S'il le souhaite, Martin Jean pourra tenter d'améliorer ses résultats lors des Jeux des sourds du Canada en 2020 à Edmonton ou encore en 2022 à Montréal. Peut-être a-t-il aussi été remarqué par les entraîneurs de l'équipe canadienne pour les Championnats du monde de quilles des sourds qui auront lieu à Taïwan, en août 2019. Entre-temps, il lui reste encore trois années à jouer avec les juniors.