Économique
Retour28 juin 2018
Projet Authier: les citoyens maintiennent la pression
Le BAPE n'est pas une option pour Sayona Québec
©Martin Guindon - Le Citoyen Val d'Or - Amos
Près de 150 personnes ont assisté à la troisième et dernière assemblée publique de consultation pour le projet Authier Lithium de Sayona Québec.
MINES. Plusieurs citoyens sont revenus à la charge pour réclamer que le projet Authier Lithium soit soumis au BAPE, lors de l'assemblée de consultation publique du 27 juin à Amos. Sayona Québec maintient que ce n'est pas une option.
Tout comme à La Motte, le 19 juin, la minière a d'abord présenté pendant une quarantaine de minutes les grandes lignes de son projet aux quelque 150 personnes présentes au Complexe hôtelier Amosphère.
Cette fois-ci, elle a expliqué plus en détail pourquoi elle ne voulait pas soumettre son projet de mine à ciel ouvert au BAPE et comment la portion exploitable de l'esker Saint-Mathieu-Berry est totalement protégée.
«L'intégrité de l'esker est protégée à 100 %» - Marc Parson
©Martin Guindon - Le Citoyen Val d'Or - Amos
Marc Parson, directeur du développement durable et porte-parole de Sayona Québec.
15 à 24 mois
Le porte-parole Marc Parson a insisté sur la durée du processus du BAPE, qui serait de 15 à 24 mois, alors que la compagnie souhaite se tailler rapidement une place enviable sur le marché mondial du lithium appelé à quintupler d'ici 2026. Il a rappelé qu'il s'agissait d'un petit projet minier, avec peu d'impact environnemental, et que le processus auquel il est soumis, bien qu'allégé, était tout aussi rigoureux.
Tout au long de la soirée, il a réitéré qu'il ne s'agissait pas d'une option pour Sayona. «Si on avait à présenter un projet au BAPE, ce serait un projet différent, avec une production plus importante et qui demanderait des investissements plus importants. Je ne sais pas si on serait dans un tel projet. Nous ne sommes pas une multinationale. Sayona est une petite compagnie junior d'exploration de graphite et de lithium qui a bâti un projet avec ses capacités financières», a-t-il précisé lors d'une mêlée de presse, ajoutant que Sayona multipliera les efforts pour mieux informer et rassurer la population.
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Ann Lamontagne, directrice de l'environnement, et l'hydrogéologue Yves Leblanc.
Aucun risque pour l'eau de l'esker
Sur la question de la protection de l'esker, Sayona ainsi que l'hydrogéologue Yves Leblanc, de Richelieu Hydrogéologie, ont assuré à plusieurs reprises que la qualité et la quantité d'eau dans la portion nord de l'esker, celle où l'on retrouve les puits de la Ville d'Amos et d'Eska, n'étaient aucunement menacées. «Je suis prêt à mettre ma tête sur la bûche», a même lancé M. Leblanc à deux reprises.
Ce dernier a notamment expliqué que la portion sud, où se colle le projet Authier, sera affectée par le rabattement des eaux. Il a ajouté qu'elle faisait partie du bassin versant de la Kinojévis, ce qui la protège de toute contamination. Les études démontrent de plus qu'il existe une zone de 4 km à sec avant d'arriver à la portion nord.
Un BAPE pour l'acceptabilité sociale
La parole a ensuite été aux citoyens pendant plus de trois heures. Marc Nantel, du Regroupement Vigilance Mines (REVIMAT), en s'appuyant sur un avis juridique de Me Michel Bélanger, Henri Jacob, de l'Action boréale, Rodrigue Turgeon, du Comité citoyen pour la protection de l'esker, avec une pétition de 1600 noms en main, ont tous fait l'argument qu'un BAPE permettrait de rassurer la population et d'obtenir plus de réponses, ce qui contribuerait à rendre le projet plus socialement acceptable.
«Les experts des ministères pourraient poser des questions que nous, simples citoyens, ne pouvons pas poser tout simplement parce que nous n'avons pas la connaissance», a fait valoir Serge Bastien, président de la Société de l'eau souterraine (SESAT).
©Martin Guindon - Le Citoyen Val d'Or - Amos
Rodrigue Turgeon, du Comité citoyen pour la protection de l'esker.
Des citoyens ont exprimé leurs craintes pour l'esker, mais aussi pour les milieux humides. Plusieurs ont évoqué la possibilité que la mine soit vendue et que les nouveaux propriétaires renient les engagements de Sayona. Les 20 claims que possède la compagnie, dont certains chevauchent l'esker, ont aussi soulevé des inquiétudes. La pénurie de main-d'œuvre a été abordée, de même que les menaces pour la biodiversité.
Le Comité citoyen insatisfait, mais encouragé
«Je sors d'ici avec une totale insatisfaction, qui est la même que je ressentais à La Motte le 19 juin et le 8 mars. Je ne pense pas que les préoccupations vont en diminuant. Je pense que ce serait se leurrer que d'ignorer l'opposition vive et marquée qui s'exprime en ce moment», a commenté Élise Blais-Dowdy, du Comité citoyen pour la protection de l'esker, qui aussi déploré l'absence de représentants des ministères concernés après la rencontre.
Rodrigue Turgeon, a abondé dans le même sens, tout en se sentant encouragé par la mobilisation qui s'opère dans la communauté. En revanche, il n'est pas rassuré d'entendre que la partie sud de l'esker, bien qu'elle ne soit pas exploitable, sera affectée. «L'esker est un joyau intègre, complet, et c'est ça qu'on veut protéger», a-t-il insisté.
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Élise Blais-Dowdy, du Comité citoyen pour la protection de l'esker.
Tentant par ailleurs d'illustrer que le projet ne rencontrait pas l'acceptabilité sociale plus tôt dans la soirée, le Comité citoyen a invité les gens qui s'opposaient au projet à se lever, et ils sont une forte majorité à l'avoir fait.
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