Tribune libre
Retour01 mai 2020
Au front!
©Photo : Pixabay
Le 1er mai est la Journée internationale des travailleuses et travailleurs. Il commémore les luttes syndicales du 19ième siècle pour obtenir la journée de travail de huit heures ! Cette fête des luttes durement gagnées est celle des gens qui menaient et mènent toujours le combat pour un monde plus humain. Un monde que l’on veut plus juste et plus sain.
La crise actuelle rappelle toute l’importance de ces combats. Ce sont encore des travailleuses et travailleurs, visibles et invisibles, qui se battent contre un sale virus. Nos vies dépendent de ces personnes. Ce sont elles qui maintiennent notre société à bout de bras. Elles travaillent dans les secteurs de la santé, des services sociaux et communautaires. On les retrouve dans les magasins d’alimentation et dans tous les services publics. L’énergie, les services juridiques et nombre d’autres font partie de leur champ de bataille. Elles prennent soin des enfants, s’occupent de leur famille et sont bénévoles un peu partout… La liste des services essentiels est très très longue.
Quand les bases sont inégales, la structure branle
Ces personnes font un travail essentiel, en arrachent devant la crise et n’ont pas la reconnaissance qu’elles méritent. Une grande majorité de celles-ci sont des femmes.
On constate soudain que notre société repose sur celles et ceux à qui on a refusé un salaire décent. Pas pour gagner 200$ de l’heure ; juste sortir du cercle vicieux de la pauvreté et de l’endettement. Un salaire qui garde la tête hors de l’eau et permet de se concentrer sur leur travail vital sans souci d’argent. Maintenant, on a besoin d’elles et eux pour ne pas nous effondrer ! Récemment, Québec a bonifié ces salaires pour atteindre 2 000$\mois, soit l’équivalent de la Prestation canadienne d’Urgence (PCU). Parce que « Ça pouvait être perçu comme injuste que des personnes gagnent moins que 2000 $ par mois en travaillant dans des services essentiels. » selon François Legault1. Pourquoi faut-il une crise pour comprendre qu’il est injuste que des travailleuses et travailleurs soient pauvres ? Puis, qu’en est-il des personnes qui travaillent dans des groupes communautaires ? Elles veillent sur les gens qui passent entre les trous de notre filet social et sont aussi au salaire minimum ? La mesure prise par le gouvernement ne devrait pas être temporaire. Elle devrait s’étendre à tous, celles et ceux au salaire minimum : travail et pauvreté ne doivent plus rimer.
Les travailleuses et travailleurs de la santé « en première ligne » ont droit à une augmentation de leur paie de 8% alors que d’autres ont eu 4%. Pourtant, le travail d’équipe est la base même de l’efficacité des services rendus dans le réseau de la santé. Toutes et tous se mobilisent et défient le virus chaque jour. Pourquoi ne pas donner une prime équivalente à tout le monde? Alors que le gouvernement appelle à l’unité sociale pour lutter contre le coronavirus, ne devrait-il faire de même avec ses primes?
Au milieu de cette crise, des parents s’essaient au télétravail tout en prenant soin de leurs enfants. Ils comprennent maintenant la tâche de l’enseignante de leur(s) enfant(s), celle à qui on tarde tant à hausser les conditions de travail. Il faut aussi saluer celles qui oeuvrent dans les services de garde d’urgence mis sur pieds pour maintenir des services essentiels. Nous n’avons pas dit mot sur les mal-logés, les personnes itinérantes les femmes victimes de violence conjugale et tant d’autres… Et que dire maintenant du travail bénévole et invisible sans lequel rien de tout ça ne tiendrait debout, toutes ces personnes seraient encore plus seules ?
Tant et tant de gens dont on parle trop rarement dans les téléjournaux. Tant et tant de personnes qui ne produisent pas du profit, mais une richesse vitale qui apparaît en ce temps de panique : du bien-être humain.
Réparer les erreurs
La crise met en évidence le sous-financement chronique des services publics, des programmes sociaux et des groupes communautaires. Elle met sous les projecteurs la progression inacceptable des inégalités économiques et de la pauvreté au cours des dernières années. Elle ramène aussi à l’avant-plan la destruction de notre environnement.
On a inventé des programmes d’urgence pour éviter que des gens meurent de faim parce qu’ils ont perdu leur travail. On a loué des hôtels pour confiner des sans-abris. On a même dû appeler des militaires en renfort dans nos Centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD)! Si cette crise nous a tant frappés, c’est que notre capacité de réaction a été affaiblie par les réformes successives opérées sur notre système de santé. C’est parce que notre filet social ne suffit pas. Il a été déchiré par 40 ans de politiques néolibérales. Ces politiques qui profitent surtout aux plus riches d’entre nous plutôt qu’à tout le monde.
Si on en est rendu là, c’est que le désir de croissance infinie a repoussé trop loin les limites du vivre ensemble. Si on se retrouve fragiles face à cette pandémie, c’est en grande partie à cause de la mondialisation et la destruction de la biodiversité dont le lien est déjà prouvé.
Dans les dernières semaines, nous avons été témoins du pouvoir de réaction de nos sociétés. Lorsque la volonté politique, justifiée par l’urgence d’agir, se met en mode solution, elle est capable d’arrêter le « train fou de l’économie ultra capitaliste ».
Nous avons la capacité de renverser la vapeur de ce train de la destruction et des inégalités en route vers la quête de profit. À nous maintenant de dicter à nos gouvernements le virage que nous devons absolument prendre pour assurer notre avenir collectif. À eux de faire en sorte que les mesures et programmes pour affronter la pandémie restent en place. À nous d’exiger que l’argent pour les financer soit ramené des paradis fiscaux. Et à eux d’empêcher que la reprise ne se fasse sous le patronage de l’austérité pour rembourser la dette. On en a assez vécu d’injustices !
Les organisations signataires de cette lettre ouverte sont :
-Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue -Nord-du-Québec – CSN – (CCATNQ-CSN)
-Syndicat de l’enseignement de l’Ungava et de l’Abitibi-Témiscamingue - SEUAT
-Syndicat de la fonction publique du Québec- SFPQ
-Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux – APTS
-Alliance des Intervenantes en milieu familial de l’Abitibi-Témiscamingue – ADIM-AT
-Syndicat des enseignants et enseignantes du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue – SEECAT
-Association générale des étudiants de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue- AGEUQAT
-Concertation régionale des organismes communautaires de l’Abitibi-Témiscamingue- CROC-AT
-Regroupement des associations de personnes handicapées de l’Abitibi-Témiscamingue- RAPHAT
-Regroupement de femmes de l’Abitibi-Témiscamingue – RFAT
-Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue – ALOCAT
-Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue – RÉPAT
-Table régionale des centres de femmes de l’Abitibi-Témiscamingue
-FIQ – Syndicat interprofessionnel en soins de santé de l’Abitibi-Témiscamingue – FIQ-SISSAT
-Conseil régional FTQ Abitibi-Témiscamingue-Nord du Québec
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