Covid-19
Retour06 mai 2020
Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca
Un petit miracle à l’hôpital de Rouyn-Noranda
Gravement atteinte de la COVID-19 à 86 ans, les médecins donnaient peu de chances à Carmen Guimond-Savage
©Famille Savage
Âgée de 86 ans, bientôt 87, Carmen Guimond-Savage a déjoué tous les pronostics et vaincu la COVID-19, alors que le virus l’avait plongée dans un état critique.
Lorsque leur mère a été admise à l’hôpital de Rouyn-Noranda et que son état s’est vite dégradé lorsqu’un diagnostic de COVID-19 a été confirmé, les enfants de Carmen Guimond-Savage s’attendaient au pire. Contre toute attente, la dame âgée de 86 ans a déjoué les pronostics, vivant une guérison que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de miraculeuse.
L’histoire a débuté le 23 mars, lorsque Mme Guimond-Savage, qui demeure au Bleu Horizon, a commencé à éprouver des maux de gorge et de la toux et à perdre l’appétit.
«En l’appelant chez elle pour prendre de ses nouvelles, quelques jours plus tard, on s’est rendu compte que quelque chose n’allait pas. On l’a donc fait descendre au 2e étage, à l’unité de soins. C’était le 30 mars. Puis, dans la nuit du 31 mars au 1er avril, on a reçu un appel du Bleu Horizon pour nous informer que Maman venait d’être transférée à l’hôpital, au Département de chirurgie, parce qu’elle faisait à présent de la fièvre», a raconté Anne Savage, une de ses filles.
Dans la matinée du vendredi 3 avril, le résultat des tests a confirmé un diagnostic de COVID-19. «L’hôpital nous a alors fait savoir que Maman venait d’être transférée en zone rouge parce que son état se dégradait très rapidement, a mentionné Anne Savage. C’était terrifiant, surtout quand on nous a précisé qu’on devait s’attendre au pire.»
Épreuve inhumaine
Comme Carmen Guimond-Savage avait signé, quelques mois auparavant, un document comme quoi elle refusait l’acharnement, les médecins ont respecté sa volonté et ne l’ont pas transférée à Montréal. Placée en isolement dans une chambre à pression négative, elle a alors commencé à recevoir des soins de confort, destinés à alléger ses souffrances.
Pour la famille, l’attente est devenue une véritable torture. «Accepter la mort d’un parent, même âgé, c’est difficile. Mais accepter la mort de sa mère en sachant qu’elle doit traverser une telle épreuve toute seule, qu’on ne pourra pas l’accompagner, c’est tout simplement inhumain. Ça nous brisait le cœur», a signalé Marlène Savage, l’autre fille de Mme Guimond-Savage.
Jamais vraiment seule
Les deux filles et leurs deux frères, Garry et André, se sont cependant vite rendu compte que leur mère était loin d’être seule. Les infirmières leur donnaient des comptes-rendus quotidiens de l’état de leur mère, tandis que le médecin de garde organisait des conférences téléphoniques, allant même jusqu’à s’excuser lorsqu’il arrivait un peu en retard.
«C’est dans ces moments-là qu’on réalise que la bonté humaine existe toujours. On avait une équipe complète qui risquait quotidiennement sa vie pour prendre soin d’une personne qui se mourait lentement de la COVID-19» - Marlène Savage
«Une jeune infirmière nous a même offert de faire une visioconférence pour que Maman puisse tous nous voir, probablement pour la dernière fois, comme on le croyait à ce moment-là, a enchaîné Anne Savage. Rien ne l’y obligeait, c’était risqué pour elle, mais c’est son cœur, sa sensibilité et sa grande humanité, devant notre peine et notre désarroi, qui parlaient à travers ce geste généreux.»
Des gestes semblables, la famille en a noté plein durant le combat de Carmen Guimond-Savage. «Tout au long, nous avons pu être présents avec elle, a mentionné Danielle Poitras, conjointe de Garry Savage. L’humanité des soins nous a vraiment rassurés. C’est là qu’on a vraiment compris le sens du mot ʺvocationʺ.»
Un petit miracle survient
Alors que Mme Guimond-Savage reposait toujours dans un état critique, un des médecins de garde a dit aux enfants de garder espoir, «parce qu’il survient parfois des choses qu’on n’arrive pas à expliquer». Et c’est ce qui est arrivé.
Une semaine après son admission à l’hôpital, son état s’est stabilisé. «Après une autre semaine, on a commencé à se demander si elle n’allait finalement pas s’en sortir, a évoqué Marlène Savage. Même les médecins n’en revenaient pas! Puis, Maman a remonté tranquillement la pente. Le mardi 21 avril, elle a pu quitter la zone rouge. Depuis le 28 avril, elle est en réadaptation, car elle a de la misère à marcher et éprouve encore des problèmes aux poumons. Sauf que là, au lieu de 10 litres d’oxygène par minute, elle n’en a plus besoin que d’un seul. Et elle est maintenant considérée comme guérie de la COVID-19.»
Un véritable hymne à la vie
Si le corps médical s’explique mal cette guérison, la famille demeure convaincue que les soins que leur mère a reçus durant son séjour y sont pour quelque chose. «Grâce à sa grande force à elle, mais aussi grâce au soutien de tout le monde, Maman célèbrera son 87e anniversaire de naissance le 7 mai, a signalé Anne Savage. C’est un véritable hymne à la vie, et on tient à remercier tout le monde du fond du cœur pour l’excellence des soins que Maman a reçus, mais aussi pour l’humanité dont tout le monde a fait preuve à l’endroit de la famille.»
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