Économique
Retour29 septembre 2020
Unifor presse Résolu de poser les bons gestes à Amos
Les travailleurs doutent de certaines décisions
©Martin Guindon - Le Citoyen Val d'Or - Amos
L’usine de papier journal d’Amos est en arrêt temporaire depuis le 19 avril. Résolu n’entrevoit pas de réouverture avant le printemps prochain.
Les récentes rencontres avec les dirigeants de Résolu font craindre le pire aux représentants syndicaux de l’usine de papier journal d’Amos. Unifor presse la papetière de prendre les bonnes décisions pour assurer la relance des opérations d’ici le printemps et souhaite la formation rapide d’une cellule de crise régionale.
Depuis que Résolu a annoncé, le 21 septembre, qu’elle prolongeait de six mois la fermeture de l'usine d'Amos, les représentants syndicaux ont multiplié les rencontres avec la direction à Amos. Celle-ci a présenté et chiffré différents scénarios pour maintenir l’usine et les équipements en bon état durant l’arrêt. Or, le scénario retenu pour l’hiver est jugé inacceptable par Unifor.
«Au lieu de se servir des bouilloires, qui nécessitent plus de personnel, on va se servir de chaufferettes électriques pour maintenir la température dans l’usine et protéger les équipements. C’est sûr que pour nous, cette annonce est inacceptable. Ça n’a aucun bon sang. On n’est pas d’accord avec ça, parce qu’on va perdre beaucoup», a affirmé Ronald Nantel, représentant national d’Unifor, lors d’un point de presse, le 29 septembre, à Amos.
©Martin Guindon - Le Citoyen Val d'Or - Amos
Les représentants syndicaux Gilles Chapadeau, Frédéric Auger et Ronald Nantel ont rencontré les médias dans les locaux d’Unifor à Amos.
Garder l’expertise
«Il faut comprendre qu’il n’y pas d’équipements électriques pour chauffer l’usine, a expliqué Frédéric Auger, président de la section locale 227 d’Unifor. On a toujours chauffé avec la chaudière aux écorces. On s’attendait vraiment à continuer cet hiver, ce qui est la manière la plus logique selon nous. D’abord, parce qu’on sait que ça marche et que c’est efficace pour garder nos équipements en bon état. Ensuite, on s’assure de garder un nombre minimal d’opérations, donc de main-d’œuvre. On parle de gens qui ont une expertise d’opération. Pour nous, c’est clair que si on veut repartir l’usine, cette main-d’œuvre est primordiale; on doit la garder.»
Selon Frédéric Auger, l’entreprise pourrait opérer le système de chauffage électrique avec seulement quatre électriciens. La centrale thermique nécessite quant à elle 12 opérateurs, 4 électriciens et 4 mécaniciens. Et ces chiffres ne tiennent pas compte des cadres. «La différence de coûts entre les deux méthodes, on parle d’environ 700 000 $ pour l’hiver au complet. Pour nous, ce n’est pas cher, parce qu’on sait que si on prend le chauffage électrique, les coûts pour le redémarrage seront plus élevés. C’est important de chauffer de la bonne façon immédiatement pour ne pas arriver au printemps avec une facture qui empêcherait le redémarrage de l’usine», a-t-il insisté.
Il a aussi déploré le fait que l’employeur ne semblait pas reconnaître l’importance de continuer à faire tourner les équipements afin de réduire les coûts du redémarrage éventuel.
Vers une fermeture permanente?
Ces décisions de Résolu font redouter le pire des scénarios aux représentants syndicaux, qui insistent sur l’urgence d’agir dans le milieu avec une cellule de crise pour convaincre l’entreprise de revoir rapidement sa décision.
«On espère qu’ils ne sont pas en train de créer la tempête parfaite pour justifier une fermeture permanente par la suite, parce que ça coûterait trop cher de redémarrer l’usine à cause des bris d’équipements. Les spécialistes qui connaissent l’usine, qui y travaillent depuis des années, nous disent que ça n’a pas de sens. On croit qu’investir maintenant 600 000 $ ou 700 000 $ va protéger la suite des choses et ces emplois de qualité à Amos», a lancé Gilles Chapadeau, conseiller régional de la FTQ.
Une cellule de crise et de relance
Pour Gilles Chapadeau, il est primordial que les élus et le milieu se mobilisent rapidement au sein d’une cellule de crise pour convaincre Résolu de faire les investissements nécessaires pour protéger la suite des choses et assurer la relance des opérations le plus tôt possible. «On veut que ce comité agisse maintenant, parce qu’il y a urgence d’agir avant l’hiver. On veut qu’il se transforme ensuite en comité de relance ou de modernisation. On en parle depuis longtemps, il faut aller vers autre chose que le papier journal. Il faut se préparer pour assurer la pérennité de l’usine. C’est un moteur économique important pour la région d’Amos», a-t-il insisté.
Dans sa capsule vidéo du 24 septembre à TVC7, le maire Sébastien D’Astous évoquait déjà l’intention de créer un comité de relance avec la Chambre de commerce et d’industrie du Centre-Abitibi qui pourrait travailler à la recherche de solutions autant avec la partie syndicale que la partie patronale. Sébastien Lemire, député fédéral d’Abitibi-Témiscamingue, a aussi signifié son intérêt à s’impliquer au sein d’une cellule de crise, en plus d’être en faveur de la mise en place d’un comité de relance.
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