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13 mars 2024

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

Deux monuments de la culture régionale s’envolent en même temps

À un jour d’intervalle, les artistes Margot Lemire et Louis Brien se sont éteints

Margot Lemire

©Gracieuseté, crédit : Ariane Ouellet

Margot Lemire a marqué le paysage culturel et social de sa région, par ses écrits, la lecture de ses écrits, son implication sociale.

Ils ont ouvert des chemins, tracé des voies. Leurs œuvres ont fait écho à notre propre voix. Deux proches se remémorent des faits marquants de leurs parcours respectifs, de leur personnalité, faits qui ont laissé une empreinte de géant dans notre paysage tant culturel qu’humain.

« Margot, c’était ma sœur de cœur, confie d’emblée l’artiste Paul Ouellet. Nous nous sommes rencontrés au siècle dernier, dans les années 1970, alors que nous étions tous les deux enseignants. J’ai découvert le personnage en participant à la grève, une grève mémorable. Toute sa vie c’était du théâtre. Margot Lemire, c’était quelqu’un qui était à l’envers d’être plate, truculente, effrontée, impressionnante avec son front de bœuf. Son rire… qui n’a jamais entendu le rire de Margot? » 

La création du Show de La Motte, à la fin des années 1990, demeure une illustration de sa personnalité exubérante. Selon Paul Ouellet, ce spectacle est né à la suite d’un déficit à combler après les Fêtes du 75e de La Motte auxquelles les deux avaient collaboré. « Comme Margot avait toujours des formules généreuses pour inviter les gens, au lieu d’accueillir 500 personnes, c’est 1200 qui se sont présentées, a-t-il relaté. Comme nous n’étions pas forts sur l’organisation de bingos pour rembourser à la municipalité le trou qu’on avait fait, nous avons réuni nos talents avec Valérie Jacob et Jocelyne Wheelhouse pour mettre sur pied ce spectacle. »

« Margot Lemire, c’était quelqu’un qui était à l’envers d’être plate, truculente, effrontée, impressionnante avec son front de bœuf. Son rire… qui n’a jamais entendu le rire de Margot? »  - Paul Ouellet 

Davantage connue du grand public pour ses nombreux écrits, dont La semeuse de perles, ses lectures publiques, ses implications culturelles, Margot Lemire a également laissé sa marque au Conseil régional de développement de l’Abitibi-Témiscamingue (CRDAT) à travers différents mandats qui lui ont été confiés. Au moment où elle a reçu le prix Thérèse Pagé décerné à des artistes par la ville d’Amos, Guy Lemire, alors directeur général du CRDAT, lui a rendu hommage. « Pour chaque dossier où elle s’était impliquée, il lui remettait une rose, se remémore Paul Ouellet. À la fin, elle avait tout un bouquet. » 

Un second grand départ 

Louis Brien

©Page Facebook Louis Brien

Louis Brien, une figure imposante dans le développement des arts visuels de la région.

À peine la communauté abitibienne venait-elle de réaliser le départ de Margot Lemire, ce dimanche 10 mars, qu’elle apprenait celui de Louis Brien le lundi 11 mars.

 

 

Jean-Claude Beauchemin l’a côtoyé de très près, comme ami et comme président pendant plusieurs années de l’Atelier les Mille feuilles. Selon sa fiche Wikipédia, Louis Brien a cofondé en 1982, avec Fernande Boulanger, Gisèle Cotnoir-Lussier, Arsène Paquette et Joanne Poitras, ce lieu où la lithographie, la sérigraphie, l’estampe et différents types de gravures sont rois. 

« Brien est un pionnier, un précurseur, souligne M. Beauchemin. C’est l’un des premiers au Québec à s’être penché sur l’art imprimé. Après avoir fait ses études classiques, il s’est dirigé vers les arts. Ce qu’il y a de formidable dans son parcours, c’est qu’il ne s’est pas arrêté à ses études en arts, il est allé se perfectionner en Suisse, là où l’art imprimé était davantage développé qu’au Québec. Après quelques années, il en est revenu avec une solide formation et un dynamisme intrinsèque. C’était un créateur né, il a inventé un style. Son style à lui, tu pourrais entourer une de ses œuvres d’une cinquantaine d’œuvres d’autres artistes et tu reconnaîtrais laquelle est de Louis Brien. »

« Quand on observe ceux qui les ont suivis, qu’ils ont contribué à former, on sait qu’ils ne disparaîtront jamais tout à fait »  - Jean-Claude Beauchemin 

D’une grande simplicité 

En revanche, si les œuvres de Louis Brien étaient facilement reconnaissables tant leur facture les distinguait des autres, il en était tout autrement de sa personnalité. Selon Jean-Claude Beauchemin, il était d’une simplicité désarmante. 

« Quelqu’un qui connaissait ses œuvres, mais le rencontrait dans une foule, n’aurait jamais pu deviner qu’il s’agissait de Louis Brien, qu’il s’agissait d’un artiste de ce niveau, illustre M. Beauchemin. Ce n’est pas quelqu’un qui se serait levé le menton pour se mettre au-dessus des autres même s’il était d’un charisme incroyable. En amitié, c’était quelqu’un de fidèle, généreux, d’attachant, toujours prêt à aider quelqu’un à s’orienter, à se développer. » 

Margot Lemire et Louis Brien ont contribué à tirer le développement culturel de leur région vers le haut. Ils laissent également dans le cœur de ceux qui les ont côtoyés de très près une marque indélébile. 

Paul Ouellet a écrit une chanson spécifiquement pour sa sœur de cœur. Il y dit : «Il y en a qui voyagent à n’en plus finir, moi, je monte au village voir Margot Lemire. » 

Pour Jean-Claude Beauchemin, ces deux départs successifs nous rappellent que le temps file si vite. « Ces gens qui ont été des pionniers de l’art et de la culture en Abitibi-Témiscamingue, on les voit disparaître, par contre, quand on observe ceux qui les ont suivis, qu’ils ont contribué à former, on sait qu’ils ne disparaîtront jamais tout à fait. » 

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