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Retour20 décembre 2024
Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca
Antoine Charbonneau-Demers :« Écrire a une utilité thérapeutique »
©Photo Médialo — Davide Buscemi.
Antoine Charbonneau-Demers, le 30 novembre au Palais des congrès de Montréal.
Le Rouynorandien Antoine Charbonneau-Demers figure parmi les quatre finalistes du Grand prix du livre de Montréal pour son dernier opus Roman sans rien dont les résultats sont tombés le 11 décembre. Le Citoyen l’avait rencontré, le 30 novembre, après une séance de dédicaces au Salon du livre de la métropole montréalaise.
Point de déception quant au Grand prix du livre de Montréal : « [Antoine Charbonneau-Demers et son éditeur sont] très fier[s] [du] statut de finaliste à ce beau prix littéraire. »
Antoine Charbonneau-Demers peut s’enorgueillir d’une carrière d’auteur qui a flambé rapidement. Né en 1994, il a, sitôt son certificat en création littéraire (UQAM) achevé, récolté quelques honneurs glanés grâce à son premier roman, Coco (2016), qui lui a valu le Prix Robert-Cliche.
Sa nouvelle intitulée La femme à refaire le monde l’avait intronisé au Salon du livre de Paris avec le Prix du jeune écrivain.
Une nouvelle fois dans le genre de l’autofiction, son dernier roman, Roman sans rien, constitue un carnet de voyages (France, Belgique, Allemagne). Ses notes ont nourri son récit. Le titre procède de l'approche stylistique : « Le but était sans inventivité pour se concentrer sur les faits, décrire la réalité sans trop l'interpréter. Même si c'est un peu voué à l'échec parce qu'on écrit toujours à travers son filtre », reconnaît-il.
Premier roman, première distinction
Coco, un premier roman et première distinction, bien que sa candidature ait été envoyée in extremis. « J'ai envoyé mon manuscrit le dernier jour de participation au Prix Robert-Cliche. Je ne voulais pas l'envoyer. C'est mon copain de l'époque qui m’y a poussé. J’ai donc couru pour aller au bureau de poste qui fermait à 16 heures », raconte-t-il, riant de son anecdote.
Parmi sa cohorte, le Témiscabitibien souligne que plusieurs de ses coreligionnaires se sont fait éditer. « Dans notre groupe, c’était magique ce qui est arrivé. Une dizaine d’entre nous s’est professionnalisée. On était sérieux dans notre démarche », poursuit-il.
Son parcours estudiantin a été jalonné de quelques bonnes rencontres. « Je me souviens de Samuel Archibald, le professeur qui a assuré le mentorat pour mon projet long. Il m’encourageait. Et de Patrick Tillard : un prof, poète et écrivain. Ce sont des rencontres marquantes », explique M. Charbonneau-Demers.
Enfant, il écrivait déjà. Écrire est un soutien. « Écrire a une utilité thérapeutique. Je le vois aussi comme une vocation », souligne-t-il.
Concernant son style de plume, il s’efforce « d’épurer au maximum pour que le sens ressorte le plus possible », comme les auteurs minimalistes qu’il affectionne.
Son profil de comédien
Mais à l’âge de 12 ans, il découvre le théâtre. « J’ai adoré ça. J'ai toujours été partagé un peu entre le théâtre et l’écriture. »
Il est diplômé du Conservatoire d'art dramatique de Montréal, ce qui s’inscrit pareillement dans son cheminement professionnel. « J’ai joué sur scène mon roman Good boy (publié en France également) sous la forme d’un monologue. Une performance où j'utilisais les enjeux du roman transposés sur scène », expose-t-il.
Itinéraire d’un garçon gâté
Antoine Charbonneau-Demers a quitté Rouyn-Noranda en 2013, mais il y garde encore des liens. « J'y retournais souvent. Maintenant, mon père vit à Montréal (tout comme lui). Alors, j'y vais moins souvent. J'y ai ma grand-mère, ma tante, ma famille. J'y retourne à Noël. J'y étais pour le Salon du livre de La Sarre (en mai dernier). »
Son installation à Montréal lui a ouvert le champ des études littéraires. « Avant ces études, je voulais déjà être auteur. J'ai vraiment aimé pouvoir partager mes textes en atelier avec d'autres gens. C'était vraiment riche comme expérience. Avoir des rétroactions après les ateliers, être obligé de fournir du texte à un certain rythme. Ça m'a beaucoup inspiré. À la fin, il y avait un projet long de 50 pages qui est devenu mon premier roman (Coco, 2016).
« En atelier, on voit ce qui est efficace, ce qui l’est moins. On voit nos forces et nos faiblesses », analyse le trentenaire.
Plusieurs vies en une seule
Parallèlement à son activité artistique, il fait de la retouche de photos. C’est une vie sociale qui équilibre sa solitude d’écrivain.
Cette double casquette arrange ce garçon rêvant de Californie ou de Floride. « Après 1000 ou 2000 mots, c'est fini, la machine est éteinte », glisse-t-il dans un éclat de rire avant de prolonger son propos : « si on n'est pas en train de vivre et si on est juste en train d'écrire, on parle de quoi finalement ? Il faut cultiver ses amitiés, mener une vie humaine, pas seulement devant l'ordinateur. »
Comme autre moyen d’immersion et source de revenus, ce lecteur de Jonathan Franzen (écrivain américain qu’il lit en anglais) enseigne le conditionnement physique. Mens sana in corpore sano…
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