Éducation
Retour10 février 2025
Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca
Dahana Deliscart : itinéraire d’une bonne samaritaine persévérante
Persévérance scolaire
![Docteure en médecine, Dahana Marie Luberne Deliscart, 28 ans, a repris ses études dans une autre discipline.](https://www.legroupelexismedia.ca/media/galerie/34964-DB-Persn_vn_rance_Dahana_Photo.jpeg)
©Photo gracieuseté.
Docteure en médecine, Dahana Marie Luberne Deliscart, 28 ans, a repris ses études dans une autre discipline.
Dahana Marie Luberne Deliscart, 28 ans, est un médecin originaire d’Haïti. Installée désormais dans notre région, elle s’est lancée dans un autre cursus universitaire.
Demeure son leitmotiv : la santé sexuelle, aider son prochain, aider la communauté. La Dʳᵉ Luberne Deliscart est très ancrée ici et toujours connectée avec la perle des Antilles où se trouve son association en aide aux enfants séropositifs.
Dahana Marie Luberne Deliscart évolue sur un chemin balisé de sept ans d’études de médecine qu’elle met au service de ses semblables.
C’est ce fil conducteur qui lui a fait choisir des études de recherche en sciences de la santé en Abitibi-Témiscamingue. Sa formation est majoritairement haïtienne. « J'ai fait toutes mes études en Haïti, du primaire jusqu'à la faculté de médecine. »
Après avoir débuté son service social obligatoire, une étape incontournable pour exercer la médecine sur la terre d’Henri Christophe (le premier roi de l’île), elle met fin à cette expérience au bout de 6 mois pour atterrir ici où l’attendaient de nouveaux horizons.
Un choix réfléchi
L’idée d’une carrière différente germait depuis longtemps dans son esprit. « Depuis ma troisième année d'études médicales, je savais que je n'allais pas rester dans la pratique clinique. »
Passionnée par la santé publique, elle savait qu’elle poursuivrait une maîtrise après ses études de médecine. Lorsqu'elle reçoit deux admissions, l'une en France et l'autre au Canada, son choix se porte sur ce dernier. « J'avais déjà des amis qui avaient entamé leur maîtrise ici. »
La recherche comme avenir
Depuis 2023, elle suit une maîtrise en recherche en sciences de la santé, un cursus qu'elle achèvera en 2026. « Je vais toujours rester dans le domaine de la santé, mais je ne pourrai pas exercer en tant que médecin ici. »
Elle connaît ses débouchés post-diplôme. « Je pourrais travailler dans les chaires de recherche, dans les départements de recherche des hôpitaux, notamment comme assistante de recherche. »
Un engagement pour la santé sexuelle des jeunes
Son projet de maîtrise est déjà bien défini. « Je travaille sur la santé sexuelle chez les jeunes. Ce sont les jeunes des cégeps, et j'utilise un questionnaire pour recueillir des données sur la sexualité positive. »
Plutôt que d'aborder uniquement les comportements à risques, elle met l'accent sur « le respect du consentement, l'acceptation de l'orientation sexuelle des jeunes et la communication interpersonnelle. »
Les résultats de cette recherche permettront de proposer des recommandations ou de créer des outils pédagogiques pour sensibiliser les jeunes à une sexualité épanouie et responsable. « Selon les données de l'INSPQ, on observe une recrudescence des infections sexuellement transmissibles chez les jeunes, notamment en région. Comprendre ces phénomènes est essentiel pour améliorer la prévention. »
La recherche en épidémiologie
La jeune femme nourrit quelque ambition. « Après ma maîtrise, je vais opter pour un doctorat en épidémiologie afin de devenir chercheuse. » À la question « pour trouver des vaccins », elle glisse dans un grand rire : « on verra ».
Un domaine qui l’attire tout particulièrement, notamment pour ses implications en infectiologie et dans la lutte contre le VIH. « En Haïti, nous avons un taux d'incidence très élevé », déplore-t-elle.
Un combat personnel contre le VIH
Son engagement pour la lutte contre le VIH ne date pas d'hier. Le 1ᵉʳ décembre 2021, tandis qu’elle était étudiante finissante en médecine à l’Université Notre-Dame d’Haiti, elle y fonde l’Action pour une Génération d'Enfants Sans SIDA (AGESS). « C'est une association qui lutte pour aider les enfants infectés par le VIH. »
Bien qu'elle ait quitté Haïti, elle continue de coordonner certaines activités à distance. « Notre mission est d’aller dans les communautés à risque, d'organiser des séances de sensibilisation et des ateliers pour les enfants séropositifs. On leur explique qu'ils peuvent continuer l'école tout en prenant leurs médicaments. »
Un retour en Haïti
Si Dahana s’est installée au Canada pour ses études, elle n’oublie pas son pays natal. « Je voudrais mettre ce que j'ai appris ici au service de mon association en Haïti. » Son objectif à long terme : utiliser les connaissances acquises dans la recherche et la santé publique pour améliorer les conditions des populations les plus vulnérables.
Surmonter et s’adapter
Son adaptation au système universitaire canadien n’a pas été sans difficultés. « Le milieu éducatif ici est très différent de celui d'Haïti. Dans mon pays, le professeur transmet toute la matière nécessaire pour l'examen. Ici, on doit être plus autonomes, aller chercher l'information nous-mêmes. Cela m'a demandé un certain temps d'adaptation… »
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